Comment quantifier ?
Quantifier l’alcool consommé permet au patient de prendre conscience de sa consommation, qui est souvent perçue comme normale. Elle permet au médecin de mieux situer le problème d’alcool de son patient, sachant que la déclaration de consommation est souvent inférieure à la réalité. Quantifier la consommation d’alcool peut aussi être une première étape pour parler d’alcool.
Combien de verres d’alcool par jour ?
Les médecins généralistes posent le plus souvent des questions directes aux patients pour quantifier leur consommation d’alcool : combien de verres d’alcool par jour et s’ils boivent de l’alcool quotidiennement.
"Je ne leur demande pas s’ils boivent, mais je leur demande combien de verres de boissons alcoolisées ils boivent par jour, et je les fais énumérer."
"Je leur demande le nombre de verres ou de bouteilles qu’ils consomment, en précisant qu’un verre de boisson alcoolisée équivaut à un verre servi dans un bar. Je leur montre un petit livret avec les différents types de verres de boissons alcoolisées. Ce qui leur permet de mieux comprendre ce qu’est une dose classique et la notion de quantité d’alcool contenue dans un verre."
"Je leur demande de noter toute consommation d’alcool sur environ deux semaines, en leur donnant un fascicule sur les équivalences alcool. Certains ne veulent pas noter, car ils disent qu’ils consomment tous les jours la même quantité et que cela ne sert donc à rien de le noter. D’autres notent bien, mais pas forcément toujours à la hauteur de la réalité. Et d’autres ne notent pas, car le fait de savoir qu’ils doivent noter leur consommation suffit à les motiver."
"Je leur demande combien de verres de vin ils boivent au repas du midi et du soir, s’ils prennent un apéritif, s’ils boivent de la bière dans la journée. Je leur demande souvent combien de temps dure la bouteille ou le nombre de canettes consommées et leur contenance (25 cl, 30 cl ou 50 cl) ainsi que la marque, en raison des des différences en degré selon les marques de bière."
"Si les patients sont dans une relation de confiance, je leur dis que ce serait bien qu’ils notent pour la semaine suivante ce qu’ils ont bu et à quelle occasion, afin qu’on puisse voir ensemble à quels moments, dans quels lieux, ils ont tendance à consommer de l’alcool. Il m’arrive aussi d’être plus direct et de leur demander, sans les heurter, combien de verres d’alcool ils boivent par jour et s’ils boivent de l’alcool quotidiennement. Ils sont souvent surpris, car ils n’ont pas la notion de ce qu’ils boivent en une journée."
Une consommation rapportée souvent en dessous de la réalité
Les médecins ne sont pas dupes du fait que la consommation rapportée par les patients est le plus souvent en dessous de la réalité.
"C’est une évidence que les patients sont très souvent loin du compte dans la quantification de leur consommation. Mais ce n’est pas grave, car l’important est que le patient soit là, qu’il adhère, qu’il ait pris conscience que l’alcool lui fait du mal et qu’il a besoin de réduire sa consommation."
"Je leur demande leur consommation moyenne par jour de vin, alcool, apéritif, bière, sachant que la consommation est toujours sous-évaluée. C’est le propre des addictions."
"Je leur demande ce qu’ils consomment comme boissons alcoolisées, combien de verres ils boivent le matin et le soir, et je multiplie par deux car on sait que les patients alcooliques sous-estiment toujours leur consommation."
Expliquer ce qu’est une consommation excessive
"Si le dialogue est bien instauré, je leur explique ce qu’est une consommation excessive d’alcool ainsi que la dépendance à l’alcool, en leur disant que ce n’est pas parce qu’on a un problème avec l’alcool qu’on est un grand alcoolique dépendant à l’alcool."
Dr S.R. Dr Sophie Rougeaux, Dr N.A. Dr Nathalie Azzolin, Dr G.F. Dr Gaëtan Fremond , Dr J.-J.L. Dr Jean-Jérôme Le Coq, Dr J.-M.M. Dr Jean-Michel Marchadier, Dr J.-H.S. Dr Jacques-Henri Soulère, Dr F.S. Dr Françoise Sanquer
LES RECOMMANDATIONS DE LA SFA À RETENIR
Équivalences en verres de boissons alcoolisées
Estimation de la consommation
- Mésusage probable : score ≥ 4 chez l’homme et ≥ 3 chez la femme
- Dépendance probable : score ≥ 10 quel que soit le sexe