QUELLE SOLUTION CHOISIR ?
Selon les dernières recommandations de la Société française d’alcoologie (SFA), les objectifs
principaux de la prise en charge d’un mésusage de l’alcool sont d’éviter l’évolution vers des complications
et de réduire ainsi la morbimortalité - c’est-à-dire l’impact somatique, psychologique ou social - et
d’améliorer la qualité de vie des patients.
Une véritable amélioration de la situation du sujet passe par un changement important de la consommation
d’alcool, que ce soit vers l’abstinence ou une réduction de la consommation.
L’abstinence a longtemps été considérée comme le seul objectif des personnes dépendantes. Il a cependant été
montré que certaines d’entre elles pouvaient avoir une rémission stable sans abstinence et que l’acceptation
de la préférence du sujet permettait d’obtenir de meilleurs résultats*.
* Société française d'alcoologie
Responsabiliser le patient
Le médecin est là pour faire des propositions de traitement et aider le patient dans sa démarche. Il n’en reste pas moins que le patient doit être acteur de sa prise en charge.
"Dès qu’un problème d’alcool a été dépisté, je propose les traitements qui peuvent être mis en place, et j’informe le patient des bénéfices qu’il peut en tirer. Je lui dis que c’est à lui de se prendre en charge, que je suis là pour le soutenir et lui proposer des solutions, mais que c’est lui le principal acteur du problème."
"Je dis au patient qu’il est nécessaire qu’il se soigne et je lui propose : soit de se soigner avec moi et avec l’aide d’un traitement médicamenteux, soit dans le cadre d’une cure hospitalière. Mais ça dépend surtout de l’âge des patients et du nombre de fois où ils ont arrêté l’alcool."
"Pour les patients qui râlent pour le prix du médicament non remboursé [ndlr Remboursement SS 30 %], je leur dis de faire le compte avec les bouteilles d’alcool qu’ils boivent, même achetées dans des magasins bon marché : ils se rendent vite compte que le médicament coûte moins cher alors qu’il vise à les soigner et non à les détruire comme l’alcool."
Proposer une stratégie de réduction dans un premier temps
La proposition de réduction de consommation doit être présentée en deux temps : le temps de mûrir la stratégie de réduction et le temps d’une éventuelle prescription, si nécessaire.
"Je propose une stratégie de réduction au patient, en lui demandant si c’est jouable pour lui. S’il pense que c’est jouable, je lui dis d’essayer de tendre vers ce but et on en reparle la prochaine fois, car je ne prescris jamais de produit dans un premier temps. J’attends que cette démarche soit effectuée, qu’il ait eu le temps de mûrir et, après, je lui propose une aide en précisant néanmoins que c’est lui qui est acteur de sa prise en charge."
"Pour ceux qui préfèrent arrêter d’un coup, je leur dis que s’ils se sentent capables de le faire, je suis d’accord pour qu’ils essaient, mais je leur dis alors : qu’est-ce que vous venez chercher chez moi ? Certains répondent qu’ils ont besoin d’être confortés par le médecin dans leur décision. En général, je propose l’hospitalisation, mais il peut m’arriver d’assurer une prise en charge en ambulatoire pour ce type de patients qui veulent arrêter d’un coup, s’il n’y a pas trop de risques."
Prescrire de façon systématique ou dans un deuxième temps ?
La prescription au patient d’un produit permettant de maîtriser plus facilement sa consommation d’alcool doit être proposée dans un deuxième temps, plusieurs semaines après un bilan initial si nécessaire et toujours en association à une prise en charge psychosociale.
"Je les informe sur les médicaments dont on dispose ainsi que sur leurs effets, sachant qu’il y a des patients qui ont juste besoin d’un garde-fou, d’autres qui ont besoin d’une aide à la reprise du contrôle de leur consommation d’alcool. Je leur explique ce qui est possible et on voit ensemble ce qui peut le mieux leur convenir."
"Ce n’est que dans un deuxième temps ou un troisième temps, selon les difficultés rencontrées, que je vais proposer une aide médicamenteuse."
Laisser le choix au patient
"Pour le choix, je leur dis : “Qu’est-ce qu’on fait” ? Certains répondent qu’ils verront plus tard, d’autres que ça les intéresse d’en discuter un peu plus, et d’autres ne sont pas prêts à adhérer et je ne leur en parle pas à chaque consultation. Le choix du traitement dépend des patients et aussi de l’entourage qui n’est pas toujours favorable à une prise en charge ambulatoire."
Dr S.R. Dr Sophie Rougeaux, Dr N.A. Dr Nathalie Azzolin, Dr G.F. Dr Gaëtan Fremond, Dr J.-J.L. Dr Jean-Jérôme Le Coq, Dr J.-M.M. Dr Jean-Michel Marchadier, Dr J.-H.S. Dr Jacques-Henri Soulère, Dr L.M. Dr Latifa Miqyass, Dr F.S. Dr Françoise Sanquer
Selincro est indiqué pour réduire la consommation d’alcool chez les patients adultes ayant une dépendance
à l’alcool avec une consommation d’alcool à risque élevé, ne présentant pas de symptômes physiques de
sevrage et ne nécessitant pas un sevrage immédiat.
Le traitement par Selincro doit être prescrit en association avec un suivi psychosocial continu axé, sur
l’observance thérapeutique et la réduction de la consommation d’alcool.
Selincro doit être initié uniquement chez les patients pour lesquels une consommation d’alcool à risque
élevé persiste 2 semaines après l’évaluation initiale.
Les moyens thérapeutiques utilisés dans le traitement de la dépendance à l’alcool primaire sont
l’hospitalisation, les médicaments, la psychothérapie ou les associations d’anciens buveurs. Employés
simultanément ou consécutivement dans des proportions variables, ces soins sont proposés pour traiter un
trouble polymorphe.
Les trois médicaments disponibles en France (acamprosate, naltrexone et disulfirame) ont une AMM limitée
au maintien de l’abstinence après sevrage. Aucun médicament n’a une AMM pour la réduction ou l’arrêt de
la consommation d’alcool.
Selincro constitue, en association à un suivi psychosocial, une option thérapeutique dans la réduction
de la consommation d’alcool (cf indication ci-dessus). Le bénéfice potentiel du traitement est
conditionné par l’observance du patient.
Cf RCP Selincro et Avis de la Commission de Transparence