Comment repérer ?
Les médecins généralistes sont les mieux placés pour repérer le plus tôt possible chez leurs patients un trouble lié à l’usage de l’alcool. Une mission qui est une étape clé dans la prévention de la maladie alcoolique.
Questionner au moindre doute
Que le médecin ait un doute sur un patient quant à sa consommation d’alcool, qu’il ait remarqué la survenue d’un changement négatif ou que le patient arrive en consultation avec une haleine, un comportement ou des signes cliniques évocateurs, il faut toujours l’interroger sur sa consommation d’alcool, sous peine d’intervenir trop tardivement devant une situation déjà évoluée et compliquée.
"Je repère déjà par le questionnement direct quand j’ai un doute sur des signes cliniques (érythrose faciale, problème d’hypertension artérielle) et/ou médico-sociaux (problèmes de travail, de couple, de surcharge pondérale...). Certains refusent la prise de sang, ce qui sous-entend en général un problème d’alcool."
"Avant la survenue de signes cliniques évocateurs, je pose des questions simples sur le type de boissons au cours des repas et en dehors des repas. Ceux qui ne sont pas en demande par rapport à un éventuel problème d’alcool disent toujours que leur consommation est normale, qu’ils boivent de l’alcool comme tout le monde…"
"Je leur rappelle la consommation d’alcool à ne pas dépasser sous peine d'exposer leur santé à des risques. Sur vingt patients ayant un problème avec l’alcool, je n’ai que deux patients en mésusage, les autres sont tous dépendants à l’alcool, sachant que j’exerce dans un milieu de classes moyenne et ouvrière"
"Le repérage est assez facile devant des signes évidents comme le patient qui arrive le matin en consultation avec des manifestations cliniques de manque ou des signes cliniques à l’examen."
"Le plus souvent, j’essaie de poser la question de l’alcool systématiquement lors de l’anamnèse quand j’ai le moindre doute sur une perturbation hépatique, et une fois de temps en temps lors de la consultation annuelle."
À la demande de la famille ou de l’entourage
Le repérage peut aussi être suscité par la famille qui rapporte un problème d’alcool au médecin, ou par la pression de la famille ou de l’entourage qui conseille à son proche de venir consulter le médecin généraliste.
"Je suis parfois amené à repérer un problème d’alcool chez un patient qui vient consulter sur l’insistance de son entourage."
"Il m’arrive aussi d’intervenir à la demande de la famille qui rapporte un problème d’alcool."
La bonne connaissance du patient ou de la patiente...
Certains patients se présentent avec un comportement caractéristique, mais une bonne connaissance des patients facilite le repérage de ceux et celles chez qui le problème d’alcool est moins évident.
"Je n’ai pas trop de mal à repérer les patients qui ont un problème avec l’alcool, car je connais une grande partie des gens ainsi que leur mode de vie."
"Autant les hommes sont souvent facilement repérables avec une haleine et un comportement caractéristiques, autant c’est moins évident chez les femmes qui vont venir consulter pour des troubles du sommeil, un peu de déprime : et c’est plutôt chez les femmes que je suis amenée à effectuer un travail de repérage."
Dr S.R. Dr Sophie Rougeaux, Dr N.A. Dr Nathalie Azzolin, Dr G.F. Dr Gaëtan Fremond, Dr J.-J.L. Dr Jean-Jérôme Le Coq, Dr J.-M.M. Dr Jean-Michel Marchadier, Dr J.-H.S. Dr Jacques-Henri Soulère, Dr L.M. Dr Latifa Miqyas
LES RECOMMANDATIONS DE LA SFA À RETENIR
Les recommandations de la Société française d’alcoologie (SFA) soulignent bien que le repérage d’un mésusage de l’alcool est en priorité la mission des médecins généralistes.
La question d’un mésusage de l’alcool doit être repérée :
- - lors d’un examen de routine ;
- - lors de la prescription d’un médicament connu pour interagir avec l’alcool ;
- - lors d’un passage au service d’accueil des urgences ;
- – chez les femmes enceintes ou avec désir de grossesse ;
- – chez les personnes à haut risque de boire en excès : fumeurs, adolescents et jeunes adultes ;
- – chez les personnes ayant des problèmes de santé souvent liés à la consommation excessive d’alcool : HTA, arythmie cardiaque, dyspepsie, maladie du foie, dépression ou anxiété, insomnie, traumatismes ;
- – chez les patients ayant une maladie chronique résistant au traitement : douleur chronique, diabète, troubles gastro-intestinaux, dépression, cardiopathie, hypertension artérielle.